Parent pauvre des politiques de mobilité, et pourtant l’un des usages les plus représentés en ville, la marche comme moyen de déplacement souffre d’une situation qui ne lui permet pas de bénéficier, comme le vélo ou les transports en commun, de véritable schéma directeur.
C’est principalement pour cette raison que la Communauté urbaine de Strasbourg, dans un contexte tendu de progression rapide et tous azimuts de la pratique du vélo, a décidé de mettre en œuvre un véritable plan Piéton. Elle organisait un colloque ce jeudi 17 octobre, pour enrichir ses pratiques des retours d’expérience d’autres territoires, mais aussi permettre de s’en inspirer : Le Piéton au cœur de la ville, voir le programme détaillé de la journée.
Outre de nombreuses présentations d’intervenants extérieurs tels que des architectes, urbanistes et experts en prospective, un atelier était consacré à l’historique de ce plan Piéton. Un bureau d’études qui a travaillé à sa gestation depuis 2011 a présenté ses réflexions. Son représentant nous a fait part des problématiques rencontrées à l’aide d’un diaporama en détaillant l’évolution.
Le constat majeur est que la marche à pied a jusqu’à présent été traitée en rangs dispersés et de façon indirecte : en termes d’accessibilité, de flux voyageurs... Il semblait primordial de lui consacrer des objectifs précis afin d’en déduire des investissement fléchés. Un schéma directeur s’est révélé indispensable pour impulser une véritable dynamique.
Comme dans bon nombre de Plans de Déplacements Urbains (PDU), la marche est le mode de déplacement pour lequel aucun objectif de progression ambitieux n’était proposé lors des dernières orientations. Représentant pourtant le tiers des déplacements sur l’agglomération strasbourgeoise et plus de la moitié en centre-ville, il présente, au vu des pratiques actuelles, une marge de progression significative. On relève par exemple que la voiture y représente encore 20% des déplacements de moins de 1km !
Le plan d’actions a consisté à voter 10 actions visant à encourager son développement :
- Promotion de la marche - Combattre l’idée fausse du temps passé à marcher de tel à tel point, souvent surévalué par les usagers et qui correspond souvent à une image mentale d’automobiliste. Mieux jalonner en temps le territoire et jouer sur le temps ressenti ainsi que sur le ludisme.
- Accorder plus de place aux piétons - Ambition sur le long terme : au moins 50% de l’espace dans tous les nouveaux projets. Il s’agit de changer de perception pour le piéton.
- Désamorcer le conflit vélos/piétons - Pas de plaisir en présence d’un sentiment d’anxiété. Réussir à trouver le bon curseur, s’accompagner de certaines mesures visant à améliorer la cohabitation. Des réflexions à ce sujet sont conduites actuellement.
- Perméabilité piétonne - Améliorer la perméabilité piétonne en traitant les impasses de façon à rendre l’usage par les piétons plus lisibles lorsque c’est possible. Cette possibilité est dorénavant facilitée par le nouveau panneau, le C13d, qui permet de résorber les discontinuités piétonnes.
- Rabattement vers les tansports en commun - Étendre la zone d’influence des stations quitte à augmenter l’interstation.
- Pédibus - Regarder finement qui utilise la voiture sur les courtes distances, souvent des parents accompagnant leurs enfants à l’école ou aux loisirs.
- Coupures provoquées par les axes 50 - L’idée est d’accompagner les zones 30 d’un travail sur le franchissements des axes à 50 km/h.
- Traversées et carrefours - Comment améliorer les carrefours avec un zoom sur ceux présentant des situations complexes.
- Ouvrages d’art - Résorption des coupures provoquées par les ponts et autres aménagements massifs.
- Réseau piéton magistral - Sur lequel communiquer, prioriser les financements, faciliter la couture entre les îlots de vie, mettre en œuvre les principes évoqués dans les plan d’actions. Le 1er réseau sera le tronçon de la gare à la place de l’étoile puis le quartier de Neudorf : la Magistrale piétonne.